Guide d’actions pour les sages-femmes ou le personnel médical

Dans le deuil périnatal, la majorité du traumatisme que subissent les parents a lieu à l’hôpital ou à la maternité. Ce sont les seuls moment que le couple, ou la famille va pouvoir passer avec leur bébé. Il est de la responsabilité des professionnels qui entourent ces couples de les guider doucement à créer des souvenirs, un rituel, de faire en sorte que l’expérience vécue soit la moins traumatisante possible, compte tenu de la situation.

Sachez que tous les mots prononcés, les attitudes, seront ancrés pour toujours dans la mémoire des parents qui viennent de perdre leur bébé. Il est important de choisir ses mots, et d’être excessivement respectueux du corps du bébé : traiter le comme vous le feriez pour un bébé vivant.

Montrer le bébé sans vie à ses parents?

La question de voir ou pas le bébé est primordiale : un nombre infime de parents qui ont de vu leur bébé le regrette, par contre tous ceux qui ne l’ont pas vu regrettent de ne pas l’avoir fait.

Il n’est pas question d’imposer aux parents la vision de leur bébé sans vie si ils ne le souhaitent pas, mais dans la façon d’amener les choses, on peut encourager les parents à  choisir de rencontrer leur bébé : c’est souvent LA SEULE rencontre qu’ils auront avec lui. Il est important de décrire aux parents à quoi s’attendre ( peau foncée, desquamée, malformation…) afin de limiter le choc; cependant, il est toujours possible de mettre l’accent sur les ressemblances du bébé avec ses parents : ainsi, au delà d’un bébé  sans vie, c’est LEUR bébé qu’ils vont rencontrer, les ressemblances physiques l’inscrive dans la filiation. Souvent, pour les parents, ce sera malgré tout une belle rencontre, parce qu’à leur yeux, leur bébé est beau.

Dans le cas ou les parents choisiraient de ne pas voir leur bébé, il est important, si possible, de faire de « belles » photos du bébé ( pas les seules photos médico-légales obligatoire du dossier, qui sont souvent très violentes et dures à voir pour les parents qui, regrettant leur choix, demandent des photos à postériori….). Le bébé peut être pris en couche mais aussi habillé, dans un berceau…Si le bébé est très abimé il est possible de ne prendre que des parties de son corps : ses mains, ses pieds….Les parents seront toujours « heureux » d’avoir ces souvenirs, ce sont souvent les seuls qu’ils auront.

Il est possible que votre lieu de travail ait un partenariat avec Souvenange, une association qui rassemble des photographes professionnels et bénévoles, formés pour prendre en photo les bébés nés sans vie, quelque soit leur terme. Vous pouvez dans ce cas faire appel à eux. (www.souvenange.fr).

A la maternité

En salle de travail/ de naissance :

  • les parents sont complètement anéantis et dépassés, il est important de leur proposer les options qui s’offrent à eux, les laisser choisir afin qu’ils aient le contrôle, autant que possible, de la situation.
  • Ne pas pressez les choses, sauf si nécessité médicale.
  • Informer et préparer les parents à ce qu’ils vont vivre, ce qu’il va se passer. Il sera peut ëtre nécessaire de répéter, afin de s’assurer d’une bonne compréhension des évènements à venir.
  • Toujours utiliser le mot « bébé » plutôt que foetus ou embryon.
  • Si le bébé a un prénom, utiliser ce prénom pour nommer le bébé.
  • Créer un endroit sécure pour la mise au monde du bébé. Parler avec la mère d’un projet de naissance pour accueillir ce bébé là, né sans vie ou qui ne vivra pas longtemps.
  • Prenez soin des parents : assurez vous qu’ils puissent boire, manger et dormir.
  • Orienter les parents vers des groupes de soutien, ou un psychologue ( proposé sur ce site).

En post-partum :

  • Prenez soin du bébé sans vie comme si il s’agissait d’un bébé vivant.
  • Réduisez les regrets en aidant les parents à faire des souvenirs ( photos, empreintes, mèche de cheveux…)
  • Donnez aux parents autant de temps qu’ils le souhaitent avec leur bébé. C’est le SEUL et UNIQUE moment qu’ils auront avec leur bébé.

Prendre le bébé dans les bras pour la dernière fois…

  • Encore une fois, traiter le bébé avec respect, comme vous le feriez avec un bébé vivant.
  • Si possible, proposez aux parents les différentes options qui s’offrent à eux :

Si les parents se chargent des obsèques : souhaitent ils une crémation ou une inhumation?

Si les parents choisissent de laisser l’hôpital s’occuper du corps de leur bébé: dans ce cas, expliquer ce qu’il va se passer, le devenir du corps de leur bébé.

=>Ne jamais mettre le bébé dans une boite ou un sac.

=>Sortez de la chambre avec le bébé dans les bras.

=> Poser le bébé dans un berceau.

=> Est ce que les parents peuvent accompagner le bébé à la morgue/chambre froide si ils le souhaitent?

Il est souhaitable d’informer les parents, qu’en cas de choix de crémation, les bébés ( et ce jusqu’à 12 mois de vie in aero), ne laissent pas de cendres, puisque leurs os ne sont pas encore calcifiés. Nombreux parents l’ont appris trop tard et étaient fortement peinés (les mots sont faibles) d’apprendre qu’il n’y avait rien, ou si peu, à récupérer après la crémation.

Personnel de santé, sage-femmes : prenez soin de vous ! 

Vous devez prendre soin de vous pour pouvoir prendre soin de vos patients, et encore plus après la prise en charge de parents vivants un deuil périnatal.

Soyez à l’écoute de vos émotions, autorisez vous à pleurer.

En dehors du travail, vous pouvez : pratiquer la méditation, faire du yoga, parler à un ami ou un collègue, parler à un psychologue, tenir un journal, faire du sport, manger sainement, prendre un bain… Ou faire ce qui vous détend, vous fait vous sentir vivant(e)!

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